dimanche 26 juin 2016

L'importance du voyage dans l'écriture

©Les dessous de la plume - Annecy 2016

Que ce soit à travers les écrits de grands aventuriers, d’explorateurs curieux, ou d’amoureux de la plume tels Baudelaire ou encore Rimbaud, le voyage apparaît dans tous les cœurs et sur toutes les bouches. Voyager, c’est se mouvoir. C’est découvrir des horizons nouveaux, des espaces rêvés. Si celui-ci peut être effectué pour diverses raisons, personnelles ou professionnelles, il plane autour de ce terme un parfum de poésie et de liberté presque sacré. En effet, ce mot à lui seul peut recouvrir des sens différents pour chacun, allant de la découverte de contrées nouvelles au voyage intérieur et personnel. C’est sans doute ce flou l’entourant qui ajoute à sa valeur autant qu’à son importance. Mais il nous faut ici l’aborder de façon plus précise, en passant par le prisme de l’écriture.

Le voyage constitue un thème récurrent de la littérature. À travers lui on retrouve des poèmes, des témoignages, des romans d’aventures. Mais est-il simplement sujet ? N’apporte-t-il pas autre chose au processus d’écriture ?

©Les dessous de la plume - Écosse 2008
Le voyage comme source d’inspiration


C’est un fait, voyager permet de découvrir des choses nouvelles, de ravir notre regard par la contemplation de paysages qu’il nous aurait été impossible d’observer en ouvrant simplement la fenêtre. Ils constituent un excellent moteur pour l’écriture et il est parfois formateur de s’entrainer à les décrire. Ces paysages peuvent servir, en quelque sorte, de modèles, pour aider à créer des décors essentiels aux histoires naissant de notre plume. Certains s’inspirent de la mer, d'autre préfèrent les longues promenades en montagne alors que les derniers trouveront leur force créatrices dans l’obscurité des forêts ou l’immensité des déserts. Mais qu’importent les inclinaisons et les sensibilités de chacun, le voyage permet bien souvent de repousser l’angoisse de la page blanche. Il agit, à plusieurs stades, comme une source d’inspiration.


Par quelle magie me direz-vous ? Eh bien une chose est sûre, le changement d’environnement permet réellement de stimuler la créativité et par le fait réveille notre envie d’écrire. Ne vous est-il jamais arrivé de penser que vous aviez-fait le tour de vos idées et que vous n’aviez plus rien à dire ? Face à votre bureau, un crayon dans une main, un clavier dans l’autre, vous ne parvenez plus à trouver de quoi à raviver l’étincelle face à ce quotidien, cet environnement que vous connaissez par cœur. Mais le voyage nous offre la possibilité de découvrir une destination nouvelle apportant pour un temps le changement nécessaire à l’émergence de nouvelles idées. Profitez donc de cette une rupture avec la routine pour vous lancer dans un nouveau projet si le cœur vous en dit !

©Les dessous de la plume - 2014

Les paysages, des modèles intarissables

Ne nous le cachons pas, il est parfois extrêmement difficile de décrire un paysage, de façonner avec justesse la toile de fond de nos histoires, parce que les mots nous échappent pour en parler avec exactitude, ou encore parce qu’il est parfois complexe de visualiser des décors qui ne soient pas minimalistes. S’imprégner de la beauté des paysages, de leur grandeur, de tout ce qui les rends unique, est un excellent moyen de capturer l’inspiration fuyante, de la stimuler pour donner à nos écrits un cadre qu’ils n’auraient pas eu sans cela. Il faut bien l’admettre, nous avons tous nos points forts dans l’écriture, tout comme nos faiblesses et, pour certains, créer un panorama riche n’est pas une chose aisée. Les paysages que nous offrent de voir les voyages sont donc un excellent exemple pour habiller nos histoires, autant pour égayer les descriptions que pour donner à notre univers une identité propre en pensant à développer sa géographie et l’écosystème de son monde. Là encore, voyager peut nous conduire à rencontrer une faune et une flore nouvelle pour nourrir notre imagination et faire apparaître dans nos écrits des détails ou des formes de vies auxquelles nous n’aurions pas forcément pensé sans cela.

Mais résumer tout ceci à une simple contemplation passive serait bien réducteur. La beauté et la singularité d’un lieu s’exprime aussi au travers des sentiments qu’il nous inspire. Perché la haut, sur votre montagne enneigée, vous aurez peut-être l’impression de dominer le monde, mais l’instant d’après, visitant un bâtiment colossal, vous pourrez vous sentir étrangement petit. Ces émotions-là, aussi subjectives soient-elles, peuvent apporter beaucoup à un récit en donnant une couleur particulière au texte, une ambiance, que le lecteur pourra peut-être ressentir.

Pour certains, les paysages sont donc à la fois une source d’inspiration par ce qu’ils exposent à notre regard, mais peuvent également insuffler des émotions beaucoup plus personnelles, qui auront une incidence dans le processus de création, se répercutant dans l’histoire.

©Les dessous de la plume - Lac finlandais, 2013

Le rôle du voyage dans les mécaniques d’écriture

Néanmoins, la découverte de nouveaux horizons n’est sans doute pas la seule chose que l’on recherche dans un voyage. En effet, l’un des intérêts de découvrir un pays c’est avant tout d’en apprendre un peu plus sur la fameuse destination où vous passez votre séjour. Pour cela, quoi de mieux que de s’intéresser à la culture locale, d’apprendre quelques mots de la langue, ou encore de se renseigner sur le fonctionnement politique et économique du pays. Si cela vous intéresse, ces informations peuvent se révéler d’une importance capitale dans vos écrits. Déjà, parce que vous en sortirez sans doute plus instruit concernant l’organisation d’un pays, ensuite, parce que ce que vous aurez vu, appris et entendu pourra sans nul doute vous aider dans le processus d’écriture, pour la création d’un monde ou d’une nation si votre domaine est la littérature de l’imaginaire par exemple. Frank Herbert, à qui l’on doit le cycle de Dune, univers titanesque de science-fiction, s’est très clairement inspiré du désert d’Arabie pour la planète Arrakis, aussi connue sous le nom de Dune. Les bédouins du désert quant à eut ont insufflé à l’auteur l’idée du peuple Fremen, autant dans leurs apparences que dans leurs coutumes.
Je vous parle là de ce que le voyage apporte dans l’écriture d’une histoire, ou, par extension dans le processus d’écriture en lui-même. Mais ce n’est pas le simple élément à prendre en compte. Car si il est possible de se renseigner sur un pays sans même bouger de chez soi, visiter des terres nouvelles fait découvrir quelque chose qu’il est difficile de trouver dans un livre, j’appelle cela la couleur locale.
Chaque voyage stimule nos sens, la vue par les paysages et les architectures singulières que l’on rencontre, l’odorat et le goût par la saveur des plats typiques, ou encore l’ouïe grâce à l’écoute de musique emblématique du pays par exemple.

Toutes ces sensations participent au dépaysement et font que l’on se sent transporté. C’est la même chose qui se retrouve dans l’écriture. Lorsqu’on raconte une histoire, ne souhaite-t-on pas faire voyager le lecteur, lui donner ce sentiment d’ailleurs, troubler ses repères ? Voyager nous révèle des environnements uniques qui peuvent avoir une véritable importance dans nos écrits. Influencer l’histoire, faire apparaître dans ses décors des paysages marquants, donner une ambiance particulière. Cependant, tout ceci ne vient pas seul. Les mots sont là, mais c’est à nous de mettre la machine en marche pour que la magie opère.

Le voyage intérieur


Je terminerai en vous parlant d’un autre type de voyage qui souvent reste oublié. Il ne nécessite ni de faire ses valises, ni de se déplacer, mais apporte lui aussi énormément à l’écriture. Il s’agit du voyage intérieur, beaucoup plus abstrait que les autres. C’est celui qu’il nous arrive d’entreprendre lorsque l’on se perd dans nos rêves, nos pensées, ou encore, pour les plus sombres, dans des élucubrations obscures. Il peut donner à l’écriture une profondeur qu’elle n’aurait pas eue sans cela et influencer notre mécanique et processus de création. Ce voyage si singulier, se retrouve souvent dans les œuvres de Rimbaud pour ne citer que lui, et est apparu pour la première fois dans les récits de pensées du roman Mrs Dalloway de Virginia Wolf.

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