Photo d'un chalet au bord d'un lac. Voyage Finlande 2013 |
« Ah ! J’aimerais tellement pouvoir écrire toute
ma vie, me poser près d’un chalet en montagne, plume à la main, me laisser
bercer par la nature, par mes passions, et raconter des histoires, composer des
poèmes, jusqu’à la nuit tombée. Je n’écouterai que le chant de mes muses et me
laisserais emporter par les mots... » bon, rajoutons à cela le coup de l’amoureux
transi ou des petits oiseaux chantant et vous aurez le parfait tableau (cliché)
de l’écrivain romantique. Charmant non ? Ça donnerait presque envie de s‘y
mettre sans attendre. Pourtant, si vous attrapez un crayon là tout de suite, ou
que vous lancez, fébrile, et pianotez sur le clavier, vous remarquerez vite une
chose.... Ça coince. Comment commencer cette belle phrase marquant le début de
l‘envolée lyrique ? Et ce mot-là, oui, celui qui collerait tout à fait à
ce que vous souhaitez dire... Pourquoi ne vient-il pas ? Déjà, vous l‘avez
sur le bout de la langue, vous vous stoppez, cherchez, raturez. Et
l‘inspiration en profite pour s‘échapper. Comment diable font-ils, ces poètes,
pour que les mots glissent sur eux et pour que les rimes viennent tout
naturellement ? Ce n‘est pas grave, ils doivent certainement avoir un
don... Oui c‘est cela, c‘est bien connu, les poètes sont des figures à part....
des sortes de guides spirituels... C‘est bien l‘image que vous en avez non ?
Ils inventent un nouveau langage, un langage secret. Bon, vous vous dites :
« j‘ai jamais été très fort(e) à ce genre de jeu, déjà que pour les
devinettes je donnais ma langue au chat en moins de deux... alors pour façonner
un autre langage. Ce doit pas être mon truc ! Il faut essayer autre
chose, voyons, raconter une histoire, ça je sais le faire. Après tout, il y a
moins de balises, moins de contraintes dans un roman... » Sûr de vous, et
mû par une inspiration nouvelle vous vous mettez donc à la tâche, pour vous arrêter
subitement un chapitre plus loin. Là encore, premier problème... Le premier
d‘une longue série. « Est-ce que j‘ai bien fait de commencer comme ça ?
L‘intrigue n‘arrive pas trop vite ? Et d‘ailleurs, elle est convenue cette
intrigue ! Personne n‘aimera... Bon, ce n‘est pas grave, je continue, j‘y
reviendrai... si j‘en vois la fin. Mince, et ces fautes, ces incohérences...
Je n‘ai plus d‘idée.... mais moi aussi j‘ai mis trop de persos, oh ! Et
puis la trame est trop longue ! Il faisait comment Balzac pour s‘en tirer
avec sa comédie humaine ? Puis, c‘est débile, de toute façon tout a déjà
été dit. » Voilà ce qui pourrait germer dans votre esprit après quelques
moments d‘exaltations, de travail acharné et de sueurs sur vos chapitres. Au
mieux, vous aurez la satisfaction d‘être allé au terme de votre histoire. Au
pire, vous l‘abandonnerez, en cédant peut-être à la tentation de recycler
quelques passages pas trop mauvais. Mais, en tous les cas, il arrivera sans
doute que vous vous sentiez loin, bien loin, de l‘idéal du
. grand poète – réponse A
. grand écrivain – réponse B
Bref, de ces
personnes passant chaque instant de son existence à écrire.... avec une sorte
de don mystique faisant de ses lignes une merveille absolue. Mais l‘écriture,
c‘est fastidieux. C‘est peiner sur le choix des mots, sur la formulation des
choses, sur la continuité de l‘histoire. C‘est douter, hésiter, souffrir.
S‘arrêter, refréner à grand peine de tout supprimer, d‘arracher des pages,
d‘abandonner. C‘est un travail de longue haleine. En réalité, l’image la plus
adaptée à ce genre de situation serait le peintre jetant ses peintures par la fenêtre
ou l‘artiste capricieux faisant de ses derniers écrits un feu de joie. Oui,
pour le coup cela est une illustration plus représentative du processus
d‘écriture. La plupart du temps, bien sûr, car l‘écriture n’obéit pas à des
critères et des règles définis et similaires pour chacun, on a tous un moyen
différent de l‘appréhender, on a chacun nos trucs et astuces pour contourner
les choses qui nous embêtent. Gardez le fantasme du poète maudit, de l’écrivain
et de ses muses, mais sachez vous laisser échouer. Vous évoluez, tout comme
votre plume, vos sujets d‘inspirations, le regard que vous portez sur le monde.
Et vos écrits aussi.
En attendant que Rimbaud veuille bien me prêter ses muses,
je vous dis à la semaine prochaine, pour une présentation en bonne et due forme
de celle qui est aux commandes au clavier. Ceux-ci étant mon premier article, n’hésitez
pas à me faire quelques retours, bon ou mauvais.
PS : j’ai remarqué un souci avec certaines apostrophes,
je le réglerai dès que possible. Étant donné qu’elles sont normales sur mon
traitement de texte, je ne sais pas trop d’où cela peut venir.
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