samedi 21 février 2015

Et si l'on parlait de ce mythe de l'écrivain ?


Blog : les dessous de la plume
Photo d'un chalet au bord d'un lac. Voyage Finlande 2013

« Ah ! J’aimerais tellement pouvoir écrire toute ma vie, me poser près d’un chalet en montagne, plume à la main, me laisser bercer par la nature, par mes passions, et raconter des histoires, composer des poèmes, jusqu’à la nuit tombée. Je n’écouterai que le chant de mes muses et me laisserais emporter par les mots... » bon, rajoutons à cela le coup de l’amoureux transi ou des petits oiseaux chantant et vous aurez le parfait tableau (cliché) de l’écrivain romantique. Charmant non ? Ça donnerait presque envie de s‘y mettre sans attendre. Pourtant, si vous attrapez un crayon là tout de suite, ou que vous lancez, fébrile, et pianotez sur le clavier, vous remarquerez vite une chose.... Ça coince. Comment commencer cette belle phrase marquant le début de l‘envolée lyrique ? Et ce mot-là, oui, celui qui collerait tout à fait à ce que vous souhaitez dire... Pourquoi ne vient-il pas ? Déjà, vous l‘avez sur le bout de la langue, vous vous stoppez, cherchez, raturez. Et l‘inspiration en profite pour s‘échapper. Comment diable font-ils, ces poètes, pour que les mots glissent sur eux et pour que les rimes viennent tout naturellement ? Ce n‘est pas grave, ils doivent certainement avoir un don... Oui c‘est cela, c‘est bien connu, les poètes sont des figures à part.... des sortes de guides spirituels... C‘est bien l‘image que vous en avez non ? Ils inventent un nouveau langage, un langage secret. Bon, vous vous dites : « j‘ai jamais été très fort(e) à ce genre de jeu, déjà que pour les devinettes je donnais ma langue au chat en moins de deux... alors pour façonner un autre langage. Ce doit pas être mon truc ! Il faut essayer autre chose, voyons, raconter une histoire, ça je sais le faire. Après tout, il y a moins de balises, moins de contraintes dans un roman... » Sûr de vous, et mû par une inspiration nouvelle vous vous mettez donc à la tâche, pour vous arrêter subitement un chapitre plus loin. Là encore, premier problème... Le premier d‘une longue série. « Est-ce que j‘ai bien fait de commencer comme ça ? L‘intrigue n‘arrive pas trop vite ? Et d‘ailleurs, elle est convenue cette intrigue ! Personne n‘aimera... Bon, ce n‘est pas grave, je continue, j‘y reviendrai... si j‘en vois la fin. Mince, et ces fautes, ces incohérences... Je n‘ai plus d‘idée.... mais moi aussi j‘ai mis trop de persos, oh ! Et puis la trame est trop longue ! Il faisait comment Balzac pour s‘en tirer avec sa comédie humaine ? Puis, c‘est débile, de toute façon tout a déjà été dit. » Voilà ce qui pourrait germer dans votre esprit après quelques moments d‘exaltations, de travail acharné et de sueurs sur vos chapitres. Au mieux, vous aurez la satisfaction d‘être allé au terme de votre histoire. Au pire, vous l‘abandonnerez, en cédant peut-être à la tentation de recycler quelques passages pas trop mauvais. Mais, en tous les cas, il arrivera sans doute que vous vous sentiez loin, bien loin, de l‘idéal du
. grand poète – réponse A
. grand écrivain – réponse B
 Bref, de ces personnes passant chaque instant de son existence à écrire.... avec une sorte de don mystique faisant de ses lignes une merveille absolue. Mais l‘écriture, c‘est fastidieux. C‘est peiner sur le choix des mots, sur la formulation des choses, sur la continuité de l‘histoire. C‘est douter, hésiter, souffrir. S‘arrêter, refréner à grand peine de tout supprimer, d‘arracher des pages, d‘abandonner. C‘est un travail de longue haleine. En réalité, l’image la plus adaptée à ce genre de situation serait le peintre jetant ses peintures par la fenêtre ou l‘artiste capricieux faisant de ses derniers écrits un feu de joie. Oui, pour le coup cela est une illustration plus représentative du processus d‘écriture. La plupart du temps, bien sûr, car l‘écriture n’obéit pas à des critères et des règles définis et similaires pour chacun, on a tous un moyen différent de l‘appréhender, on a chacun nos trucs et astuces pour contourner les choses qui nous embêtent. Gardez le fantasme du poète maudit, de l’écrivain et de ses muses, mais sachez vous laisser échouer. Vous évoluez, tout comme votre plume, vos sujets d‘inspirations, le regard que vous portez sur le monde. Et vos écrits aussi. 

En attendant que Rimbaud veuille bien me prêter ses muses, je vous dis à la semaine prochaine, pour une présentation en bonne et due forme de celle qui est aux commandes au clavier. Ceux-ci étant mon premier article, n’hésitez pas à me faire quelques retours, bon ou mauvais.

PS : j’ai remarqué un souci avec certaines apostrophes, je le réglerai dès que possible. Étant donné qu’elles sont normales sur mon traitement de texte, je ne sais pas trop d’où cela peut venir.
 

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